Les Chiens de Guerre

Le blizzard s’acharnait sur nous. Autour de moi les damnés de la colère hurlaient leur contrariété à la face des éléments déchainés. Leurs voix rauques et puissantes me parvenaient malgré la tourmente. Un véritable exploit. Mais je ne m’inquiétais pas outre mesure pour ses brutes. La rage brûlant leur l’âme gardera intacte leur volonté d’avancer vers le combat promis. Par contre ses maudits Paresseux n’en finissait plus de renâcler. Pire que des bêtes de somme, bien qu’aussi puants, ils cessaient régulièrement tout mouvement alors qu’il n’avait que leur misérable carcasse à trainer. Heureusement les fouets de notre succube savaient raviver leur flamme. Après avoir subi la douloureuse expérience de leurs exquises caresses ils retrouvaient généralement une soudaine énergie et parvenaient à se mouvoir un peu plus loin.
Pour ma part ayant toujours vécu dans ses contrées gelées j’avançais sans vraiment subir les éléments. D’autre part il siérait mal à l’envoyé d’un Archidémon de trembler, même de froid, devant la piétaille ou pire devant notre guide.

Asaliah ouvrait la voie, insensible au froid, à peine consciente des difficultés des damnés elle avançait gracieusement au dessus des étendues glacées. Le Maître me contraignait à la servir. Elle devait atteidre rapidement l’autel des sacrifices et elle avait soit disant besoin de mes services pour cela.
Foutaises ! Visiblement elle connaissait la route bien mieux que moi. Elle n'avait ainsi jamais daigné me consulter sur la route à tenir. Une autre motivation perverse exigeait ma présence ici, et je crois la connaître.
Mon maître désire certainement se débarrasser de moi. Or il sait qu’Asaliah n’est pas du genre à ménager ses troupes. Elle enverra à la mort tous ses suivants si cela peut lui assurer une victoire. A moi d’être suffisamment efficient et retors pour être le dernier sur sa liste des sacrifiés.

Nous arrivons enfin en vue de l’autel. Et si le blizzard n’est plus qu’un souvenir, la zone fourmille encore de milles dangers invisibles. Pourtant il ne sont que le cadet de mes soucis lorsque j'aperçois au loin des fumées montant vers le ciel des Enfers. Je comprends enfin le rythme imposé par Asaliah.
Une compagnie de vivant avance vers nous tandis que je sens Sa marque dans l’air, Son pouvoir va bientôt se manifester et l’autel des sacrifices va bientôt s’éveiller. Il serait malencontreux que ce dernier soit utilisé par ses chiens d’envahisseurs. J’entends leurs voix bien avant de percevoir leurs turbans, ils se croient seuls et ils se trompent. Leur sang va éclabousser la neige et rendre un peu de son authenticité à ce paysage trop immaculé à mon goût.
 
L’Ange nous presse d’avancer, nous devons interdire l’accès à l’autel ou subir le courroux de mon Maître. Et je n’aime pas qu’il soit contrarié, du moins je déteste être la cible de sa colère. J’entretiens rapidement Asaliah d'un élément important. Elle est bornée, mais je parviens finalement à la convaincre. Il est inutile de se presser pour le moment, l’autel n’est pas encore éveillé, et nous pouvons laisser l’ennemi se découvrir. Cependant lorsqu’il s’ouvrira nous devrons être maîtres du terrain, heureusement je sens Sa présence et je sais quand Son pouvoir affluera. Je me place d’ailleurs sous Sa protection avant de commencer le combat. Je sais maintenant qu’Asaliah me gardera auprès d’elle jusqu'à l’assaut final, elle a enfin besoin de moi.

Ils vont prendre et vouloir tenir. Nous allons les presser, les déchiqueter, et finalement les repousser au moment précis où ils croiront leur victoire acquise. Et là quand le désespoir sera à son comble dans leur rang, quand le déshonneur de la défaite assombrira leur cœur pur, nous les exterminerons.

Fro’hen Ambassadeur infernal des étendues gelées. 

Du bon boulot comme d'habitude.