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Auteur Fil de discussion: Nouvelle : gourmandise  (Lu 3961 fois)
bréchuedent
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« le: Novembre 11, 2007, 14:10:47 »

Maître Von Riebenhoff éructa de façon sonore, ses doigts gras dégoulinaient de sauce, sa serviette était tombée et son embonpoint ne lui permettait pas de se pencher pour la ramasser. Il saisit la clochette et la fit tinter. La servante entra dans la pièce. Maître Von Riebenhoff lui ordonna de remplir son verre. Lorsqu’elle se pencha au-dessus de la table, Maître Von Riebenhoff lui mit la main aux fesses, non pour tâter ses rondeurs, mais s’essuyer les doigts.

Trois étages en dessous de lui, la plèbe de Nouvelle Jérusalem avait faim, maître Von Riebenhoff s’en souciait peu. Installé comme négociant dans les faubourgs de la ville, ses affaires étaient florissantes. Il possédait une des rares maisons en pierre du quartier, près d’une des portes de la ville haute. Chaque jour des explorateurs loqueteux venaient lui proposer leurs trouvailles les plus hétéroclites. Maître Von Riebenhoff les rachetait pour bouchée de pain, bien en dessous de leur valeur réelle et les revendait, bien au-dessus de leur valeur réelle, aux notables de la ville haute. Il est vrai que nombre de ses fournisseurs auraient été pendus s’ils avaient franchi les portes de la ville haute, ceux-ci préféraient donc traiter avec maître Von Riebenhoff quitte à lui abandonner une partie des gains espérés et si durement acquis.

Trois étage en dessous de lui, les pauvres de Nouvelle Jérusalem devaient souper à sept sur un quignon de pain moisi, maître Von Riebenhoff soupait seul ce soir-là et comme d’habitude, il soupait à sept services : Mises en bouches, poisson, volaille, pâtés, rôts, viande en sauce et pâtes de fruits, sans oublier les boutes-hors et l’hypocras pour bien digérer. Ce soir n’était pas un soir comme les autres, il allait manger son plat favori.

Trois étages en dessous de lui, la lie de Nouvelle Jérusalem regardait avec envie les fenêtres éclairées de l’hôtel Von Riebenhoff. Les mauvaises langues chuchotaient que le maître ne se montrait plus en ville parce qu’il était incapable de franchir les portes de sa maison. Son obésité était devenue objet de moqueries, mais qu’avait-il besoin de se déplacer, puisqu’on venait à lui ? Il se souvint de cet après-midi, où un soldat en guenilles, traînant derrière lui un sac volumineux, demanda à être reçu. A la grande surprise de maître Von Riebenhoff, le sac contenait une langue immense. Le soldat prétendait l’avoir arraché au cadavre d’un démon qui avait englouti son capitaine avant de mourir sous une volée de mousquetterie. Maître Von Riebenhoff le congédia, avec une piécette. « Que pouvait-il bien faire d’une langue ? » Dès le soudoyer parti, il appela son cuisinier et lui demanda de préparer la pièce de viande. Maître Von Riebenhoff se souvenait avec délectation de la première bouchée, quelle tendresse, quelle saveur, quel plat de roi ! Hélas, trop vite englouti. Cette sensation le poursuivait, il en rêvait, tous les autres mets lui semblaient fades à côté de ce morceau de choix. Maître Von Riebenhoff commença à financer des expéditions dans le seul but de lui ramener son met favori : de la langue de démon !

Trois étages en dessous de lui, la populace de Nouvelle Jérusalem s’était endormie le ventre creux. Maître Von Riebenhoff voyait la porte s’ouvrir et deux valets apporter le plat tant convoité. N’ayant pas de récipients assez grands, la langue reposait sur une table, que l’on vint placer devant le maître des lieux. Sans attendre, il se coupa un morceau. Du coin de l’œil, il lui sembla avoir vu la pointe de la langue bouger, mais il chassa cette pensée de son esprit, rien ne devait le distraire de ce moment de jouissance. Ses grosses mains attrapèrent le morceau qu’il mit presque entièrement en bouche, la sauce dégoulinait sur ses joues et son menton. Son visage prit un masque de bonheur extatique. Lorsqu’il se reprit un second morceau, il lui sembla que la pointe de la langue avait à nouveau bougé, mais  il rejeta cette idée. Comme si une langue cuite pouvait bouger ? A part ,peut-être, celle de son insolente de femme qui n’arrêtait pas de jacasser, ramenant toujours la conversation à son poids. Il l’avait congédié ce soir-là pour pouvoir profiter pleinement de son repas.

Trois étages sous lui, le peuple de Nouvelle Jérusalem dormait mal, comme si un vent infernal venait tourmenter son sommeil. Maître Von Riebenhoff avait presque fini son repas, il lui restait la bonne bouche, l’extrémité de la langue, à la texture si délicate, tendre et résistante à la fois, un dessert en soit. Il prit le morceau à trois doigts et le porta à sa bouche.
Dès le morceau avalé, le voilà qui  s’agite, comme animé d’une vie propre, maître Von Riebenhoff veut le recracher, mais impossible, le morceau se coince dans son pharynx, comme s’il cherchait à s’y enfoncer. Maître Von Rienbenhoff tousse, convulsionne, s’étouffe, il a beau s’agiter, rien n’y fait, il est seul. Petit à petit le corps s’épuise et abandonne la partie, maître Von Riebenhoff croît s’endormir.

Maître Von Riebenhoff rêve qu’il voyage dans un ciel aux couleurs changeantes, il traverse des nuages rouges orangé parcourus de flammes froides. Il voit des paysages arides, des champs de crânes, des landes de glaces où semblent avancer péniblement des hommes, il entend dans le lointain, des lamentations, des plaintes, des cris de douleur puis le rêve s’estompe. Maître Von Riebenhoff se réveille au pied d’un rocher, il voit comme dans un brouillard, perçoit des sons diffus, ne sait plus très bien s’il rêve ou s’il est éveillé et tout d’un coup prend conscience d’une douleur atroce…il a faim !
Une faim inhumaine, plus brûlante qu’un fer rouge. Une faim qui tourne à l’obsession, qui le rend fou de douleur et de frustration. Soudain, il réalise que son odorat est décuplé, il ne voit presque pas, entend mal, mais sent la proximité de la chair et du sang. Un besoin irrépressible de manger à tout prix lui monte à la tête. Il escalade le rocher, perçoit très distinctement la présence d’un homme, sans réfléchir, il se laisse tomber sur sa proie et l’englouti.

A quelques toises de là, Assaliah et une succube regardent la scène. « Penses-tu que ces nouvelles recrues nous serviront  ?» demanda Assaliah à son lieutenant . La succube haussa les épaules, provoquant une traction sur les chaînes qui fit instantanément pointer les tétons de la créature. « La plupart sont trop faibles pour le combat, ils cherchent à manger non combattre, mais je dois reconnaître que celui-ci est efficace dans son genre »
Assaliah désigna le damné de la gourmandise « Ramène le moi, et n’oublie pas de lui dire que moi seule peut apaiser temporairement la faim qui le tenaillera pour l’éternité ».

Le démon de la gourmandise errait en quête de nourriture, à peine sa victime morte, il était à nouveau en proie à une faim lancinante. Il eut brièvement comme un vertige, une sensation de chute.

Trois étages sous les fenêtres, de l’hôtel Von Riebenhoff, le cadavre du maître des lieux venait de choir dans la boue des faubourgs de Nouvelle Jérusalem, il ne passait pas par les portes, il avait fallu le faire passer par les fenêtres !




Voilà, c'était une ch'tite nouvelle personelle pour saluer l'arrivée de la prochaine vague de renforts.
J'espère qu'elle vous a plu.
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« Répondre #1 le: Novembre 13, 2007, 23:35:58 »

Vachement bien, aussi bien au niveau du style que du point de vue.

Deux petits bémols, mineurs : La partie sur la langue qui s'agite d'un vie propre passe au présent, et ça m'a choqué à la lecture, mais je sais pas quoi y faire Sourire
Ton nom qui désigne la ville d'en bas devrait suivre une progression logique, monter en puissance... Plutôt que plèbe, pauvres, lie, populace, peuple, il aurait fallu un adjectif de plus en plus péjoratif...

Mais sinon super bien, bien pensé Sourire
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« Répondre #2 le: Novembre 14, 2007, 10:22:07 »

Pas mal du tout, progression intéressante de l'histoire, bien vu les transitions "Trois étages en dessous..." ça donne un très bon style.

Bravo!
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bréchuedent
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« Répondre #3 le: Novembre 14, 2007, 19:56:59 »

merci pour les commentaires ça fait plaisir  Clin d'oeil

Pour ce qui est du récit qui passe au présent, c'est pour accélérer la narration, montrer que les choses se passent très vite, (en fin c'est l'idée, quant à savoir si ça le fait c'est autre chose  Grimaçant)

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« Répondre #4 le: Novembre 15, 2007, 08:19:15 »

salut
Je desteste lire des textes sur l'écran, mais la main sur les fesses... pour s'essuyer, m'a accroché. Le péché capital est bien identifié et l'ambiance instaurée. J'espere pouvoir lire d'autres textes de ton clavier.
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« Répondre #5 le: Décembre 18, 2007, 09:54:59 »

Je la trouve encore plus réussie que la nouvelle "Luxure". L'histoire et bien amenée et la chute est une nouvelle fois bien vue.
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« Répondre #6 le: Décembre 28, 2007, 10:23:07 »

Parfait!Je trouve que c'est un très bon récit!J'ai un faible pour les damnés de la gourmandise a la base et je trouve que tu as une très bonne vision de ces démons!Tu es très explicite et compréhensible et en plus de facilité la lecture avec un beau vocabulaire, ton récit tiens la route et on en resterai presque sur notre faim héhéhé...
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Amiens Ang'Hell


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« Répondre #7 le: Décembre 29, 2007, 16:53:58 »

le corps qui tombe de la fenêtre est le même que dans la nouvelle orgueil?
si c'est ça je trouve le détail très bien trouvé!!! excellent!
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bréchuedent
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« Répondre #8 le: Décembre 29, 2007, 17:49:53 »

le corps qui tombe de la fenêtre est le même que dans la nouvelle orgueil?
si c'est ça je trouve le détail très bien trouvé!!! excellent!

Exact et bien vu !
En fait toutes les nouvelles (au moins celles du cycle des pêchés) devraient être reliées entre elles de façon plus ou moins évidentes.
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