Les Chiens de Guerre

Atelier => Nouvelles et Illustrations => Discussion démarrée par: nbk le Août 16, 2007, 22:44:24



Titre: Introduction proposée pour le scénario "Touchdown"
Posté par: nbk le Août 16, 2007, 22:44:24
Les bannières infernales.

La voix hurle désormais dans ma tête, incessante et inéluctable elle brise lentement mes derniers sursauts de volonté. L'heure du combat approche. Il est bientôt temps de mettre ma compagnie en ordre de bataille. Mais je veux laisser une trace au cas où je ne survive pas. Je veux qu'ils comprennent et sachent que je ne les ai pas trahi. Puisant dans mes ultimes réserves je parviens un temps à occulter la puissance de sa voix.

Elle n'avait été qu'un murmure me poussant à m'engager dans cette vallée triste et morne. Je l'avais prise pour une intuition, comme celle qui vous ouvre parfois les portes de la richesses et de la gloire. Quelle erreur fatale j'avais commise !
Nous avons avancé pendant plusieurs jours dans cette partie désertiques des Enfers, mes hommes subissaient avec courage les violentes agressions des vents impitoyables qui balayaient la plaine. Ils ne se plaignaient jamais et restaient parfaitement disciplinés comme à leur habitude. J'étais fier d'eux car ils m'avaient toujours suivi sans rechigner. En échange de leur loyauté indéfectible je faisais tout pour les garder en vie dans ces contrées infernales. Mais cette fois la culpabilité étreignait mon coeur alors que je les guidais malgré moi vers un destin encore inconnu mais certainement funeste.
La voix s'amplifiait, depuis longtemps elle m'empêchait de divulguer sa présence à mes hommes. Maintenant elle prenait une place inquiétante dans mon esprit, rongeant chaque moment de ma vie, s'insinuant dans mon intimité, et détruisant petit à petit tous mes désirs et appétits. J'ai d'abord tenté de lui résister. Malheureusement mes pathétiques tentatives m'épuisèrent sans que je parvienne à contrer cette volonté immortelle qui m'enchaînait lentement à sa terrible obsession. Et alors que mes nuits étaient de plus en plus courtes, alors que la fatigue faisait de moi un être dépourvu de consistance, je sentis qu'elle contrôlait désormais mes actes, me laissant à l'arrière comme spectateur à l'intérieur de mon propre corps.

C'est ainsi que ma compagnie atteignit finalement un plateau désolé et aride. Seuls les ossements blanchis de milliers de cadavres s'étendait devant nous en un champ funèbre et inquiétant. La voix jubilait, son combat pouvait recommencer, elle allait reprendre son territoire et rejeter l'Autre au plus profond de son domaine. Je cherchais désespérément à comprendre le sens de ses paroles, lorsque je la vis.

Une bannière pourpre flottait dans le vent avec rage et vigueur, bien qu'en partie déchiquetée et délavé par la poussière elle se dressait fièrement sur le champ de bataille. Je sentis la folie de l'esprit qui l'habitait. Celle d'une âme damné et assoiffé de conquête, emprisonnée depuis des temps immémoriaux dans cet artefact infernal. Des visions m'assaillirent sous la forme d'éclairs. Je vis un million de combat pour prendre ce plateau et repousser l'Autre le plus loin possible. Je sentis la mort d'un million de guerriers cherchant à porter mon étendard le plus loin possible à l'intérieur du plateau. Je vis aussi la bannière noire de l'Autre. Un deuxième esprit maudit pour l'éternité, lui aussi enchaîné à un morceau de tissu et condamné à conquérir encore et toujours ce désert sans valeur.

Je vois maintenant une deuxième compagnie apparaître au loin, à l'opposé de ma position. Un Capitaine aura subit l'influence d'abord pernicieuse, puis impitoyable de l'Autre. Et maintenant les deux âmes damnés ont à nouveau des troupes à leur dispositions et leur guerre éternelle pour la possession de ce plateau peut reprendre.
La voix dans ma tête se fait insistante, j'ai l'impression qu'on serre mon crâne dans un étau. Je cède et jette ses dernières lignes sur le papiers.

Il est temps pour moi de mener ma troupe au combat, il faut que je reprenne le terrain perdu la dernière fois, il faut que je plante la bannière le plus loin possible à l'intérieur du plateau. Telle est ma seule directive, ma seule obsession.
Puisse mes hommes me pardonner.