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Auteur Fil de discussion: Nouvelle : Les Anges de la Réforme  (Lu 2432 fois)
bréchuedent
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« le: Mars 12, 2008, 15:33:09 »



Un cri à glacer le sang du plus endurcis des sergents résonna à travers les couloirs jusque dans la ruelle, mais personne n’était là pour l’entendre. Bien que la ruelle se trouve dans le quartier le plus sûr de Nouvelle Jérusalem, personne ne traîne tout près du couvent des Dominicains. Surtout depuis que Don Echeverra de Balaguer et sa suite en aient fait leur résidence.
Dans la cave, l’homme était suspendu par les poignets, à peine vivant, il pendait comme une venaison en train de faisander, son corps n’était que douleur, mais son sort ne semblait émouvoir personne dans cette pièce.
« Il s’est encore évanoui Monseigneur. Dois-je le réanimer ? »
«  Certainement et remettez un peu de sel dans l’eau, histoire que ses plaies se rappellent à lui »
Face au supplicié, les l’inquisiteurs et ses assistants étaient assis derrière une table. Don Echeverra de Balaguer menait l’interrogatoire. Chaque question et chaque réponse était scrupuleusement notée par un clerc. Enfin, un troisième homme, au visage masqué, écoutait sans mots dire. De temps à autre Don Echeverra de Balaguer s’adressait à lui l’appelant « Messire le Clairvoyant ». Le ton de sa voix, affichait très clairement dédain et méfiance, mais l’homme masqué ne réagissait pas répondant à chaque fois par une phrase courte et concise, comme si chaque mot avait été longuement pensé.

La chaleur moite des marais rendait la progression pénible. La compagnie avançait, à grand peine, les jambes enfoncées jusqu’à mis mollet dans la boue. La plupart des hommes avaient ôté leur armure : la transpiration et le frottement de l’acier causaient des irritations insupportables. Les avant-gardes, comme les arrières gardes ne se souciaient plus depuis longtemps d’éclairer le chemin, trop occupé qu’ils étaient à trouver un morceau de terre ferme où poser les pieds. Personne ne remarqua le chemin qui s’encaissait et s’incurvait, la rivière de boue qui coulait sur le côté contournant un rocher qui s’interposait entre le sentier et la rivière. L’homme de tête entendit le cliquetis d’un mécanisme, releva précipitamment la tête et se détendit aussitôt à la vue d’un homme visiblement occidental arborant un chapeau à larges bords, des plus à la mode. L’homme de tête entendit le coup de feu, mais n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait.

Don Echeverra de Balaguer S’adressait au prisonnier sur un ton amical, presque paternel.
«  Allons, votre histoire ne tient pas debout, faites un effort, tout ce que je vous demande, c’est la vérité. Dites-moi tout, je vous donnerai le baptême et vous entendrai en confession, ensuite tout sera fini. »
La voix de l’homme était faible, il haletait, ses phrases étaient entrecoupées de gémissements de douleur.
«  Je vous ai dit la vérité, ils m’ont épargné parce que je suis réformé. Tuez-moi si vous voulez, ça n’y changera rien, ».
Don Echeverra de Balaguer s’adressa au « Clairvoyant »
«  Votre avis ? »
« Poursuivez »
Don Echeverra de Balaguer fit un signe de tête au tourmenteur. Celui-ci saisit une barre de fer qui rougissait dans un brasero. Il promena la barre doucement devant les yeux et le corps du supplicié avant de l’appliquer sur son ventre. A nouveau, un cri résonna dans la ruelle !

L’embuscade n’avait laissé aucune chance à la compagnie. Des arquebusiers mitraillaient presque à bout portant, depuis la hauteur, les hommes qui s’étaient engagés dans le chemin creux. Ceux qui reculaient se retrouvaient à découvert, ils devaient traverser la rivière de boue et escalader la rive opposée pour atteindre les grenadiers. Mais le plus étrange c’était ces lémures surgis de nulle part qui s’étaient accrochés aux soldats réformés et à eux uniquement, les protégeant miraculeusement des balles et des éclats de grenades.
La fumée des mousquets empêchait de voir les agresseurs, mais le cliquetis des épées et les râles des agonisants indiquaient que le combat faisait rage. Les lémures tout en protégeant les huguenots leur interdisaient tout mouvement, ils assistaient impuissants au massacre de leurs compagnons catholiques.

Don Echeverra de Balaguer s’entretenait à voix basse avec « le Clairvoyant »
« Croyez-vous qu’une bande de hors la loi Huguenots soit la cause de la disparition d’autant de patrouilles et d’expéditions ? »
« Je crois que nous sommes en Enfer, et que la haine, la rancune et la vengeance peuvent nous poursuivre au-delà de la mort. Priez Mon père pour aller au paradis, car dans le cas contraire, vous risquez de revoir ici-bas tous les « hérétiques » que vous avez envoyés au bûché, et ils ne seront pas bien disposés à votre égard. »
« Sornettes, que tout cela, je n’en ai pas fini avec lui »
Don Echeverra de Balaguer se retourna vers le questionné.
« Et vous prétendez, qu’ils vous ont laissé libre et vivant seulement parce vous êtes de la prétendue religion réformée ? »

Une fois la fumée dissipée, les Protestants virent enfin qui étaient leurs agresseurs, ils n’en croyaient pas leurs yeux, humains et damnés, vivants et morts réunis, homme et femmes, tous arboraient la devise « Soli Deo gloria » (A Dieu seul la Gloire)
Dès que les combattants Huguenots ont mis bas les armes, les lémures les ont quittés pour courir comme des petits chiens vers une dame en robe noire au regard hautain et méprisant qui semblait avoir plus d’attention pour ses lémures que pour les humains.
Humains et damnés s’écartèrent pour laisser passer ce qui devait être le capitaine des assaillants. Un damné portant des habits démodés :une fraise et des chausses bouffantes, une petite cape et un chapeau plat, qu’il enleva pour saluer ses prisonniers comme s’il s’agissait de seigneurs.
« Je suis l’amiral Gaspard de Coligny, ou ce qu’il en reste. Je vous salue Messieurs, en tant que dignes défenseurs de la foi et de l’Eglise Protestante. »

La voix du Huguenot supplicié était de plus en plus faible.
« Ils sont commandés par l’amiral de Coligny, le martyr de la Saint Barthélémy. Depuis que vous êtes ici, il rassemble les réformés, vivants et morts, tous ceux que vous avez massacré à Paris, à la Rochelle, à Magdebourg,, et partout ailleurs. Sous ses ordres, le mari vivant retrouve sa femme brûlée vive, la fiancée rejoint son amant pendu, La mère serre dans ses bras son enfant empalés sur des piques et tous jurent allégeance à la religion réformée et à la croisade de l’Amiral. Ils ont juré de faire des Enfers un paradis protestant et d’en chasser tous les papistes. »
Don Echeverra de Balaguer se tourna vers le Clairvoyant mais n’eut pas le temps de commencer sa phrase.
« Nous en savons assez » Il se leva et pris congé de l’inquisiteur.
Don Echeverra de Balaguer fit un signe au bourreau, puis esquissa un rapide signe de croix vers l’homme qui était toujours suspendu. Le bourreau tira sa dague. L’homme avait cessé de vivre avant que  Don Echeverra de Balaguer franchisse les cinq pas qui le séparaient de la porte.
Se retournant vers le clerc, Don Echeverra de Balaguer dicta.
« En ce 27 Novembre de l’an de grâce 1634, le prisonnier Thomas le Corbisier a rendu son âme à Dieu durant la question menée en ma présence et selon les règles de la très Sainte Inquisition. »

Ce qu’on pouvait assimiler à une nuit était tombée sur les marais. Les Réformés avaient rejoint leur camp, morts et vivants unis. Les nouveaux venus étaient stupéfaits de voir des couples, des familles, des villages, réunis au-delà de la mort. Il y avait là une bonne centaine de combattants, prêts à défendre la religion de Luther. Tous avaient un parent, un ami, une connaissance qui avait eu à souffrir de la « foi catholique et romaine ». et tous étaient prêts à combattre les papistes et leurs alliés en Enfers.
Gaspard de Coligny régnait en père, plus qu’en chef sur tout ce monde, rassemblant petit à petit ses troupes. Traitant tantôt avec les Egarés, tantôt avec les Démons dans le but unique de chasser les bourreaux papistes des Enfers et d’y établir le royaume de la foi réformée.
Ce soir-là, il reçut ses nouveaux hôtes comme des princes, les invita à sa table, expliquant ses projets et les invitant à rejoindre ses rangs. Il les assura toutefois, qu’ils étaient libres de rentrer à Nouvelle Jérusalem et que si c’était le cas,  il leur ferait bonne escorte dès le lendemain.

En fin de soirée, un damné se présenta au camp, demandant à faire partie de la milice de l’amiral. Celui-ci le reçut comme un frère, puis se retournant vers les nouveaux arrivés :
« Retourner à Nouvelle Jérusalem n’est pas sans risque, Thomas, explique leur ! »






Annexe

« Lettre de son Eminence le Cardinal de Richelieu au Clairvoyant

Soyez assuré que vos services en « haut » comme « en bas » sont appréciés et seront récompensés.
Nous sommes conscient que la troupe de rebelles huguenots qui sévit actuellement menace gravement le fragile équilibre de Nouvelle Jérusalem et du royaume occidental du bas. Toutefois, l’équilibre du haut est tout aussi précaire, et nous ne pouvons agir ouvertement en bas sans en subir les conséquences en haut.
Aussi, je vous envoie mon meilleur assassin pour régler discrètement ce problème, vous le trouverez en la personne du porteur de ce message.»

Le clairvoyant releva les yeux, et eu du mal à ne pas laisser paraître son incrédulité, il avait une nonne en face de lui !

Notes ;
J’ai trouvé amusant de créer un groupe de vivants et de damnés, victime des papistes et se retrouvant par-delà la mort pour se venger. Il me fallait pour les mener un chef Huguenot charismatique, je l’ai trouvé en la personne de l’amiral de Coligny.
Gaspard de Coligny (16 février 1519 à Châtillon-sur-Loing–24 août 1572 à Paris) comte de Coligny, baron de Beaupont et Beauvoir, Montjuif, Roissiat, Chevignat et autres lieux, seigneur de Châtillon, amiral de France. Chef de guerre protestant, dès 1562, il revient dans les bonnes grâces de Charles IX en 1571. Suite à une tentative d’assassinat ratée sur sa personne (il est seulement blessé) la famille royale déclenche le massacre de la Saint Barthélemy par craintes de représailles protestantes. (Voir le film « La reine Margaux »)

Cette nouvelle tombe bien puisqu’elle me permet de saluer la sortie de la vague 5, mais je ne l’ai pas écrite pour l’occasion, puisqu’elle en préparation depuis quelques semaines.
Bonne lecture.
Bréchuedent
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"J'adore quand un plan se déroule sans accrocs"
MAJ 1635 : Démons 456/469 (97%) ; Mercos 547/605 (90 %) ;  Sarasins 323/363 (89 %) ; Occidentaux 404/430 (94 %) ; Egarés 333/357 (93 %) lémures 10/10...et vivement les Immortels
Ninouki
Lémure
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« Répondre #1 le: Mars 12, 2008, 17:45:23 »

Comme d'habitude j'accroche vraiment bien à tes nouvelles, même si je ne laisse pas de coms à chaque fois.
Tu tiens drolement bien le fond, on a presque l'impression que tu as participé à la rédaction du fluff tellement ça parait raccord avec le livre de règle.
Bon courage, continue.
Signaler au modérateur   Journalisée
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